HISTOIRE – Le cinéma est arrivé en Normandie à peine un an après la découverte de l’invention à Paris, en décembre 1895. Un cinéma Lumière s’installe à Caen de la mi-novembre à la mi-décembre 1896, dans une salle du Café de la Bourse (actuel Printemps). Le programme est chargé : douze séances par jour d’un quart d’heure chacune. La même année, le cinéma fait son apparition à Lisieux, pour la foire de Noël.
C’est la grande époque du cinéma forain. On assiste aux films dans des baraques ambulantes qui s’installent sur tous les champs de foire de la région. Mais dès la début des années 1910, les propriétaires de cinémas commencent à construire des salles fixes.
Hormis l’éphémère aventure du «Cinéma Chantant», il faut attendre la fin des années 1920 pour que le cinématographe fasse son entrée à Bayeux. Ouvert dans l’impasse Glatigny, à quelques pas de la cathédrale, le «Cinéma Normandie» n’est pas accueilli chaleureusement par tout le monde…
La Société des antiquaires de Normandie, qui défend la patrimoine historique régional, s’élève, le 1er mars 1929, «contre l’aménagement en salle de cinématographe de ce local». Ce qui inquiète la Société des antiquaires, c’est que l’établissement est «construit en fer et en briques, et que l’accès principal prévu sera face à la cathédrale», c’est-à-dire à deux pas de la Bibliothèque de la Ville et de la Salle d’exposition de la Tapisserie (alors située dans l’ancien Évêché).
N’est-il pas embêtant, demande la Société, que le chef-d’oeuvre médiéval ne soit séparé du jeune cinématographe «que par un léger bâtiment où l’entrepreneur va installer des cuisines» ? Une pareille installation serait «dangereuse pour la sécurité de la Tapisserie et des collections de la Bibliothèque». Pire, elle pourrait « détruire le caractère artistique des abords de la cathédrale, un édifice classé». La Société demande aussitôt l’ouverture d’une enquête administrative, en appelant même à la Commission des Monuments historiques.
Quatre-vingt dix ans plus tard, ce petit local «en fer et en briques», témoignage des premiers temps du cinéma en Normandie, mériterait à son tour d’être protégé comme un monument historique…
Des morceaux d’affiche sont restés collés sur le panneau de bois à l’entrée du cinéma. L’affiche du dernier film projeté ici ?
L’escalier métallique du projectionniste pouvait aussi servir d’issue de secours en cas d’incendie.
Pourquoi les encadrements des portes étaient-ils peints en bleu ?
Par soucis d’esthétique, peut-être, ou pour des raisons de sécurité anti-aérienne pendant la Seconde guerre mondiale.
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